QUE LES VENTS VOUS SOIENT FAVORABLES ! La Royale MARIN UN JOUR, MARIN TOUJOURS !

1976

Je viens d'obtenir mon C.A.P. d'électrotechnique. J'ai 17 ans et décide de m'engager dans la Marine Nationale. Mes trois jours, quelques tests, une visite médicale durant l'été et je suis apte. Début novembre je prends le train pour Cherbourg.

Ma première blessure de guerre : Sur le quai de la gare de Maubeuge juste avant le départ, je me retourne pour faire un dernier signe à ma "petite copine" et heurte de la tête, un poteau. Le front fendu saigne abondamment. Je reprends mes esprits dans le train, soigné par une dame bien sympathique.

Je suis incorporé au C.I.N. (centre d'instruction navale) de Querqueville. Étant mineur, une autorisation de mes parents me permet de ratifier mon engagement volontaire.

La fougue de la jeunesse aidant, je veux entrer dans les célèbres commandos de la marine, Et oui rien que cela ! Après tout j'ai déjà été blessé au front.

La marine est plus intéressée par ma formation technique que par mon desiderata. L'officier de la compagnie que j'ai intégrée me fait comprendre que je ne suis pas "taillé" pour faire un bon commando. En revanche, les résultats des tests d'évaluation et orientation me permettent d'envisager une "FIFORA" (filière de formation rapide) dans les spécialités du groupe "électricité". De plus, en fonction des capacités du candidat et de ses besoins, la Marine vous oriente intelligemment. Vous entrez dans le bureau du chef avec vos propres idées, vous en sortez enrichi de celles du chef. Je choisis la spécialité "d'ÉLARM" (électronicien d'armes - missiles artillerie). Dans cette attente, je suis le cours de "B.E. ÉQUIPAGE" (brevet élémentaire des équipages de la flotte - formation maritime et militaire) à Querqueville. Deux mois plus tard, je rentre en uniforme à la maison pour ma première permission.

C'est avec fierté que je porte la tenue de matelot. J'ai déjà mon premier insigne de "spécialité"
et un galon, une sardine rouge sur le bout des manches.
Le "bachi", avec son célèbre pompon rouge, a du succès à Maubeuge. Ah ! Les filles.

1977

Début janvier, après une nuit passée dans un train bondé de marins, j'arrive à Toulon. Nous sommes attendus à la gare par des gradés. Regroupés, nous sommes conduits à l'arsenal où nous embarquons sur la "Mélusine" pour le C.I.N. de St-Mandrier.

Quatre mois de stage pour décrocher le "B.E. ÉLARM".

La formation me plaît - cours théoriques mais aussi pratiques au C.I.N. et à l'arsenal de Toulon.

Ma deuxième blessure de guerre : Dans une tourelle de 57 (je crois), un œil poché au moment de l'accrochage automatique de l'objectif.

À la mi-stage, je suis dans la première moitié et on me confirme ma "FIFORA". Je pourrai bientôt suivre le cours de "B.A.T. ÉLARM" (brevet d'aptitude technique - qui permet d'accèder au premier grade d'officier-marinier "second-maître").

Auprès de quartiers-maîtres qui sont au "B.A.T. ÉLARM" je me renseigne sur la spécialité à bord. Mauvaise pioche ! Il paraît que les ÉLARM sont les maîtres incontestés de la peinture. En dehors des postes de combat, ils passeraient leurs journées à repeindre les tourelles, le pont et autres locaux du service. Parfois, armés d'un "métrix", ils contrôleraient des données, répertoriées sur une fiche, dans des calculateurs de systèmes d'armes. Si une anomalie est constatée, il faut appeler un gradé titulaire du "B.S." (brevet supérieur) pour remédier au problème. Même FIFORA, je ne suis pas prêt d'être "B.S." Ce n'est pas le profil de carrière que j'avais envisagé. Un "CHOUF" (quartier-maître-chef) m'explique que je peux demander à changer de spécialité, mais que j'ai très peu de chance d'obtenir gain de cause. Une solution "plus efficace" serait d'échouer au B.E. pour être réorienté.

A la fin du B.E. ÉLARM, je n'ai pas les félicitations du jury, je suis échec de cours. Je suis reçu par l'officier directeur de cours qui me demande de m'expliquer. Ma franchise ne paye pas et j'en prends largement pour plus que mon grade. Qui plus est la marine se sépare facilement des "fortes têtes" ! Je commence bien. Toutefois, mes résultats, aux tests d'évaluation et à la première moitié du stage, me permettent de rester. La Marine me donne une seconde chance.