ERICORSAIRE Traditions dans la "Royale" MARIN UN JOUR, MARIN TOUJOURS !
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La Marine

Les sous-mariniers forment un corps d’officiers d’une étanchéité à peu près absolue.

Le salut : Dans la marine, on salue tout ce qui bouge et on peint tout ce qui ne bouge pas." Autrefois, le salut n’existait pas, mais à chaque fois que l’on rencontrait quelqu’un, on se découvrait et on était donc obligé de porter la main vers la tête. Au fil des ans, ce geste s’est érodé tant et si bien qu’aujourd’hui, il ne reste plus le salut tel qu’on le connaît.

La peinture : "Dans la marine, on salue tout ce qui bouge et on peint tout ce qui ne bouge pas." Malgré les progrès considérables et la résistance de la peinture, l’eau de mer est un tel corrosif qu’elle s’écaille rapidement. Aussi, de nombreuses heures sont-elles passées à entretenir les bâtiments en application du principe que :
"peinture sur merde = propreté marine."

Le pompon : Ensuite, on en vint à la tenue du matelot. Aujourd’hui encore, la hauteur des ponts est souvent inférieure à celle d’un homme debout. À force de se cogner, un matelot prit l’habitude de placer sur son bonnet un pompon pour atténuer les chocs. Ceci n’empêche pas quelques atteintes au cuir chevelu qui se mit à saigner abondamment ce qui eut pour effet de teindre ce pompon en rouge.

La jugulaire : Un jour, la reine d’Angleterre fut transportée à bord d’une chaloupe. Un vent violent soufflait si bien qu’un matelot qui ramait perdit son bonnet. Après avoir récupéré ce bonnet, la reine très " royalement ", retroussa légèrement sa robe, défit sa jarretelle, et à l’aide du lacet blanc qui la maintenait fabriqua une jugulaire de fortune. Si bien qu’aujourd’hui encore, tous les matelots portent le lacet blanc.

Le rayé : Sur le polo rayé en bleu marine et blanc, on dit qu’il y a autant de victoires navales que de rayures. La cravate date de Trafalgar elle est nouée à hauteur de la 7ième rayure.

Le col amovible : Autrefois, les matelots portaient une queue de cheval dont les dimensions réglementaires étaient très précises. Afin de la rendre plus rigide, les matelots enduisaient leur chevelure de suif ce qui entre parenthèses, laisse à penser qu’ils ne devaient pas sentir très bon. Quoiqu’il en soit, pour ne pas salir leur vareuse, ils portaient un col amovible. Bien qu’aujourd’hui, la coiffure ait changé, le col amovible est resté.

Le pantalon à pont : Si les marins le portent, c’est qu’il est tout simplement très difficile de descendre le long d’une corde à nœuds avec une braguette centrale.

Le branle-bas : Il existe le branle-bas du matin et du soir. On roule son hamac le matin et on l’étale le soir. Ces hamacs servaient aussi de protection contre la mitraille, c’était le branle-bas de combat.

Les honneurs à un officier : Lorsqu’un officier monte à bord d’un bâtiment, on peut entendre un coup de sifflet si cet officier est subalterne, deux pour un officier supérieur, trois pour un officier amiral. Cette tradition vient de l’époque où l’on hissait les officiers à bord, à l ‘aide d’une petite passerelle. Si un officier subalterne était jeune et mince, et pouvait être hissé rapidement durant un coup de sifflet, il n’en était pas de même pour un officier supérieur et encore moins pour un officier amiral, avec qui on prenait plus de précautions compte-tenu de leur âge et de leur embonpoint. Aussi, deux et trois coups de sifflets étaient-ils nécessaire pour le temps de hissage.
Lorsqu’un officier franchit la coupée pour quitter le navire, l’homme de quart crie "sur le bord."
On ne salue pas en entrant dans le carré des officiers, et par souci de discrétion, on ne présente ses respects qu’au président.

SABRE DE MARINE Le sabre de Marine : Peu de gens savent qu’une cuillère à pot était le sabre réglementaire de la marine durant la révolution et le premier empire. De là est née l’expression "régler quelque chose en deux coups de cuillère à pot."

Le pavillon : Les dimensions des trois couleurs du pavillon national ne sont pas égales. En effet, la largeur de la bande bleue mesure trente centimètres, la blanche trente-trois centimètres et demi et enfin la rouge, trente-six centimètres et demi. Cela pour une raison d’effet d’optique car lorsqu’il flotte au vent ainsi, il paraît parfaitement proportionné.

Le charnier : était un demi-tonneau en bois dans lequel, on conservait l’eau potable. Très vite cette eau pourrissait et l’odeur qui se dégageait expliquait le nom donné au tonneau. Bien sûr, aujourd’hui, il n’existe plus, mais les fontaines réfrigérantes au moyen desquelles les matelots peuvent se désaltérer s’appellent toujours des charniers.

Quelques précisions au sujet du vocabulaire.

  • Rame : Ce mot sur un bâtiment désigne la cuillère qui sert à remuer la purée. Pour le reste, il est préférable de parler d’avirons
  • Corde : Tout ce que nous désignons habituellement par ce mot prend dans la marine le nom de bout. Il existe tout de même deux cordes sur un bâtiment. C’est tout d’abord celle accrochée au battant de la cloche des quarts. La deuxième est la même de rechange.
  • Royale : Ce mot interdit dans la marine est vraiment à éviter. Pourtant beaucoup de marins l'emploient pour dire qu'ils servent dans la "Royale".
  • Bateau : Les marins appellent un bateau, un engin qui flotte, tandis qu’un bâtiment est un bateau destiné à la navigation. Aussi ne jamais appeler un navire de guerre, un "bateau".
  • Envoyer : On envoie toujours le pavillon. On ne l’amène que lorsqu’on se rend à l’ennemi.

 

Traditions des carrés officiers

(D'après "Les traditions de carrés", du capitaine de vaisseau Didier Georges). http://www.netmarine.net/tradi/accueil.htm

En quelques années, les carrés de nos bâtiments ont vu leur paysage se modifier considérablement ; le mode de recrutement des officiers s'est trés diversifié, le taux d'occupation à la mer s'est accru considérablement alors qu'apparaissent à bord des bâtiments les moyens modernes de distraction que nous connaissons actuellement.

Tous ces facteurs sont certainement liés à la disparition progressive des traditions de carré. Ces traditions ne sauraient être figées ; elles sont une partie d'un patrimoine regroupant plus d'un siècle et demi de vie maritime et militaire, elles ont évoluées dans le temps en s'adaptant à leur époques successives et évolueront encore dans leur dessein essentiel qui est la mise en place et le maintien d'une ambiance permettant à chacun d'oublier, l'espace d'un repas ou d'une soirée, les difficultés liées à la vie embarquée et à l'éloignement.

Ce n'est d'ailleurs pas un vraiment un hazard si les bâtiments les plus éloignés de la métropole sont ceux à bord desquels les traditions de carré sont les plus vivantes.

Avant de parler du fonctionnement du carré dans son ensemble, il est indispensable de passer au préalable les membres du carré en revue.

Les membres du carré

Le président

Premier personnage du carré sans lequel ce dernier n'est plus rien, le Président, choisi par le Commandant parmi ses membres les plus anciens, a la lourde tâche de faire fonctionner harmonieusement, à la fois dans le respect des traditions et dans celui des règlements, un ensemble de dix à trente officiers, parfois plus, et souvent d'origines, d'âges et de préoccupations différentes. En ce sens et nonobstant la cordialité des relations qui existe normalement entre les membres du carré, le président est dépositaire d'une autorité réelle vis à vis de ceux-ci afin d'assurer en souplesse la parfaite cohésion de l'ensemble. Il s'efforce notamment de combattre la formation de "clans", les exclusions et de favoriser l'émergence d'un véritable esprit de corps dénué de tout corporatisme. Pour y parvenir, le Président de carré est souvent obligé de faire preuve de fermeté, ce qui fait souvent dire que la présidence est une dictature. Mais c'est bien plus parce que les autres membres aimerait bien, eux aussi, être Président à la place du Président et jouir de ses nombreux privilèges.

Le Midship

Le Midship se situe de fait à l'autre extrémité du carré car il s'agit de l'officier le moins ancien, parfois le moins âgé mais ce n'est pas une règle obligatoire, et à bord de bâtiments où se trouvent de nombreux aspirants, il est souvent plus équitable que ce soit le dernier arrivé qui se voit confier cette fonction. Le rôle essentiel du Midship, bien que non explicitement défini, est de veiller à ce que les traditions soient respectées et vivantes à l'intérieur du carré. Dans cette optique, il possède une autorité officieuse, mais généralement reconnue, sur le Président et peut le sanctionner si l'esprit des traditions n'est pas respecté. En plus de cet aspect " Garant de la constitution ", et parce que le Midship n'est en fin de compte qu'un… Midship, il se voit confier bien entendu d'autres tâches utiles comme la lecture du menu, l'accueil des invités, la rédaction des cartes de vœux ou des lettres de remerciement, la tenue des documents du carré ou, lorsqu'un ange passe, le choix d'un sujet de conversation. Le Midship n'est pas pour autant le " larbin " des autres membres du carré et possède malgré tout quelques privilèges dont celui de pouvoir choisir son dessert avant tout le monde. Mais surtout il est partie intégrante du carré, son rôle est essentiel et de sa vivacité, de son imagination et de sa volonté de l'assurer avec bonne humeur dépendent beaucoup l'atmosphère rafraîchissante que peut connaître un bon carré.

Le vice-président

Le Midship peut sanctionner le Président s'il estime que ce dernier manque à ses obligations à l'égard des traditions, le Président lui ne peut en faire de même vis à vis du Midship. Pour empêcher toutes collusions entre ces deux membres éminents, il est donné au Vice-président le pouvoir de rappeler au Midship ses devoirs. Ceci a pour effet d'apporter un léger parfum de démocratie au sein de l'épouvantable dictature qu'est la présidence.

Le chef de gamelle

Seule fonction définie par des textes réglementaires, le chef de gamelle a la lourde tache de gérer les finances du carré. Les améliorations dans les repas sont souvent du fait de la gamelle (quelle gamelle!). En général, choisi par le Président parmi les enseignes de vaisseau de 1ère classe, le chef de gamelle change tous les six mois.

Les autres membres

En fonction de leur situation à bord, certains membres se voient attribuer des appellations particulières :
- Le Colonel : c'est l'officier fusilier ou protection du bord
- Le Directeur : souvent oublié, c'est le canonnier qui est aussi l'officier tradition du carré, consulté en cas de doute en matière de doctrine.
- Certaines personnalités extérieures au carré reçoivent également une appellation ; ainsi tous les invités sont de "nobles invités", l'aumônier (le bohut), quelle que soit sa confession est "Monseigneur", alors que le Commandant reste le Commandant.

Fonctionnement du carré

Généralités

les différents éléments du carré viennent d'être présentés, le Président, le vice-président, le Midship ainsi que tous les autres membres. Maintenant il s'agit de voir comment ils vont pouvoir vivre ensemble, parfois pendant de longs mois, avec pour seul lieu de détente, ou presque, ce carré toujours trop exigu d'un mètre. A vrai dire, il faut reconnaître que les longues périodes de mer et les surcharges réelles de travail qui sont le flot de tout le monde à bord font qu'il est facile et tentant de céder à l'envie de jeter par dessus bord ces traditions jugées alors d'un autre âge. Il est souvent impossible de faire autrement, il faut en convenir, mais le calme revenu, quel plaisir aussi de se laisser aller au charme du repas présidé, surtout si à ce plaisir s'ajoute celui d'être accompagné de "nobles invités". Quel plaisir, à l'issue d'une longue campagne ou d'une affectation, de relire ces cahiers qui nous permettent de revivre tant de moments forts, de revoir ou de réentendre ces visages et ces rires qui nous ont accompagnés quelques mois. Quel plaisir aussi, de pouvoir évoquer ces plaisanteries de "premier embarquement", nos souvenirs de victime comme ceux, plus tard, des rôles tenus. Tous ces souvenirs que nous pouvons évoquer, ces moments que nous avons vécus comme ceux que nous vivrons encore, c'est un peu cela l'esprit de carré. Mais il faut aussi que chacun y mette un peu du sien.

Un enterrement en grande pompe

Parmi les nombreuses traditions qui colorent la vie du carré, celle du repas présidé est la plus vivace. Mais le repas n'est pas la seule occasion qui se présente aux membres du carré de manifester son attachement aux traditions, et à la vérité, pour un carré uni et actif, tous les prétextes, ou presques, sont bons. Des évènements comme les embarquements, les débarquements ou les changements de carré pour un membre sont autant d'oportunités. Ainsi, la promotion d'un lieutenant de vaisseau au grade de capitaine de corvette, s'accompagne souvent de son transfert du carré officiers subalternes au carré officiers supérieurs ou au carré commandant. C'est l'occasion de faire "l'enterrement" de l'heureux élu. Cérémonie traditionnelle qui consiste à emmener en grandes pompe un cercueil contenant le promu vers sa destination future. Il n'est pas question ici de détailler toutes les arcanes de l'enterrement d'un OS (officier supérieur) car les carrés gardent leurs secrets que je me garderais bien de dévoiler ici. Imaginez simplement que c'est sans doute le seul enterrement au monde qui n'engendre pas la mélancolie... A noter que les modifications apportées par l'Arrêté 140 du 05 décembre 1997 font que la plupart des capitaines de corvette récemment promus restent désormais au carré officiers, et de plus, en prennent quelquefois la présidence (Grrr... à poil les OS!). Est-ce la fin des enterrements?

Le repas présidé

Le repas présidé est certainement la composante de la vie du carré la plus connue, tant dans la Marine qu'à l'extérieur, et s'il est une tradition qui doit subsister, c'est bien celle-ci en raison de l'attrait qu'elle suscite toujours chez les personnes étrangères à la Marine qui ont la chance d'y assister. Empreinte d'un charme un peu désuet, cette tradition qui a ainsi pu traverser de nombreuses époques est un témoin vivant du savoir vivre et du savoir faire de notre Marine en matière de réception et de représentation. Même en l'absence de "nobles invités", le repas présidé représente un des moments privilégiés de la vie du carré, et de son déroulement, il est toujours possible de déduire la qualité des relations entre ses membres.

Il commence toujours par la lecture du menu par le Midship. Le midship se lève sous les hués (debout ! Plus fort !…) pour lire le menu conformément à la formule suivante, pouvant comporter quelques variantes :

"Nobles invités (en présence d'invités) , Président (ou commandant), Monseigneur (en présence de l'aumônier), Directeur (si le canonnier est présent), Mon colonel (si le fusilier est présent), Messieurs (pour les autres membres), le menu de ce jour …. de l'an de grâce … sera … "

A ce moment, le midship est généralement arrêté dans son élan par les membres du carré qui s'écrient "dégueulasse comme d'habitude !".
A noter également, sur les carrés de certaines frégates, jalouses peut-être que le nom de " De Grasse " soit de tous les menus, on remplace cette formule par " Le menu de ce jour… de l'an Duguay-Trouin (Tourville, Primauguet, …)"

Puis suit une rédaction libre, humoristique, et sans lien obligatoire avec le repas proposé, qui se conclue par :

" le tout arrosé de … chambré/glacé/tiède comme il se doit . Le saint du jour est … la fête à souhaiter est …(bonne fête Président !). Il est exactement midi à la montre en or massif du Président (et non du Président massif). Bon appétit nobles invités, bon appétit Messieurs "

Ce à quoi l'assistance répond d'une seule voix : " Bon appétit Midship " en y ajoutant parfois une courte phrase affectueuse : " et que le cul te pèle en large plaques scrofuleuses, que Belzébuth te sodomise jusqu'à la septième génération au moins, sous les palétuviers roses (bleus)… ". Il y a également une version avec un "baobab géant de l'Afrique Equatoriale Française...".

Au cours de ce repas, qui peut alors commencer, la bonne humeur est de règle et le joli goût du petit blanc apprécié. Le Président à toute latitude pour exercer sa dictature, tempérée toutefois par la promptitude du Midship à sanctionner ses infractions éventuelles.

Chaque manquement aux règles est ainsi punissable d'un "huitième", et l'accumulation de huit d'entre eux par un membre est signalée par le Midship qui procède alors à leur lecture. Le fautif doit alors faire amende honorable en offrant au carré une bonne bouteille (ou tout autre objet à la discrétion du Président). Les manquements les plus fréquents sont :

Enfin pour marquer l'intronisation d'un nouveau membre, il est d'usage de lui infliger d'emblée un huitième de bienvenue (pour ouverture de compte).

Les attributs du président

Pour exercer son office, le Président est pourvu d'un ensemble conséquent d'attributs (qui compensent son viel âge), déjà évoqués plus haut et détaillés ici.

Cette liste n'est en rien limitative, et de nombreux présidents possèdent des attributs propres.

A l'instar du Président, le Midship possède lui aussi des instruments qui lui permettent de tenir son rôle :

Lorsqu'en fin de repas le Président, souvent en raison de son grand âge et miné par les pesantes responsabilités qui sont les siennes, est victime d'une absence de conscience ou se laisse aller à la somnolence, prolongeant de ce fait le repas, il est de bon ton qu'un membre du carré, si possible pourvu d'un bel organe, ajuste le "La" avant d'entonner un chant communément appelé L'Espagnole.

Le midi sonné à la montre en or massif du Président marque la fin de la pause du déjeuner. Dans certains carré particulièrement sensibles à l'art musical, il peut arriver que le président demande le "Solo, Midship". Celui-ci doit alors entonner d'une voix suave et caressante pour les oreilles des anciens les paroles suivantes d'un air bien connu :

"Plaisir d'amour ne dure qu'un instant. Chagrin d'amour dure toute la viiiiie"

Après le Solo Midship, le coryphée dans son ensemble peut aussi entonner le Chœur des vierges, mais ce n'est pas obligé.